Ma grossesse en mode confinement

Pour une première grossesse, je m’attendais à être bien entourée. À recevoir des conseils et du soutien de mes sœurs, de ma mère, de copines de mon âge, de mes cousines, de mes collègues, … Je m’attendais à rencontrer des femmes qui vivent la même expérience que moi, dans ma région, via un cours de préparation à la naissance, ou de gymnastique prénatale par exemple. Mais avec le confinement, j’ai forcément beaucoup moins de contacts. Maman me recommande vivement de ne pas venir chez elle le temps de la quarantaine, et la connaissant, peut-être même un peu au-delà. Je dois donc partir de manière plus proactive à la pêche aux infos. Mon canal préféré pour ça ? YouTube. On peut y trouver aussi bien des expériences de vie (surtout d’origine française) que de la vulgarisation scientifique (Suisse, Canada, quelques pays d’Afrique). Je redécouvre des termes qui ne m’étaient pas tout à fait familiers, je découvre les pratiques de différents pays. Lorsque je me pose des questions (À quel point dois-je éviter la charcuterie et les crudités ? Quel niveau d’activité physique maintenir ? Quelle position adopter le jour de l’accouchement ? Avec ou sans péridurale ? Quid de la césarienne ? À quel point est-ce que ça va faire mal ? En quoi consiste la rétention placentaire? Quels exercices puis-je faire pour me préparer à l’accouchement ? Quelles formalités administratives?…), j’ai tout de même des réactions sur le WhatsApp familial, mais moins qu’à l’enterrement de Mamy par exemple, et puis, avec les enfants h 24 à la maison, et le stress que constitue en soi le Covid-19, toute la famille est un peu plus fatiguée qu’à l’ordinaire. Je comptais sur notre réunion de famille pascale pour glaner un max d’infos auprès des cousines de mon âge qui viennent de passer par là, mais c’est loupé.

Et dans ce contexte de Covid-19 : Est-ce-que les vitamines de grossesses sont un « must » ou un « nice to have » ? Et le test de dépistage du diabète de grossesse ? Qu’est-ce qui est le plus risqué pour l’enfant que je porte? Ou pour moi ? Puis-je sortir de chez moi le temps de me rendre à la pharmacie ou à l’hôpital (en transports en commun)? Ou bien dois-je annuler mes rendez-vous ? Suis-je dans le public à risque ? Devrais-je porter un masque ?

Bah après tout, un tas de femmes ont mené à bien leur grossesse à une époque ou en des lieux où toutes ces infos étaient/ sont bien moins accessibles! Le manque d’infos m’évite peut-être de me poser trop de questions. Et jusqu’ici, on m’a affirmé que ma grossesse se déroulait bien, donc … « Fais confiance et avance ! »

D’un autre côté, être isolée de tout le monde m’évite de me faire toucher le bide par des gens que je connais à peine sous prétexte que « ça porte-bonheur ». Ça m’évite aussi de ne plus parler que de ma grossesse à longueur de journée (moi qui n’avait pas trop envie d’être vue comme un utérus sur pattes, pour le coup c’est gagné !)

Je m’évite aussi 2 heures de transports en commun 5 jours par semaine. Oh ben zut alors, moi qui avais hâte de voyager en 1ere classe pour le même tarif ! Non je déconne ! Plus sérieusement, ne pas devoir prendre le train, c’est méga confortable ! Déjà, je n’ai plus à me soucier des horaires, des correspondances, des grèves, des retards, des trains annulés, des changements de voie, des quais surpeuplés… Je n’ai plus à supporter les conversations téléphoniques audible d’un bout à l’autre du wagon, je n’ai plus à m’asseoir à côté de gens qui cocottent (parfums, shampooing, déodorant, crème hydratantes…), sentent le tabac (ou la fraise, depuis les cigarettes électroniques), l’alcool, la transpiration ou l’urine ; ou dont la veste est couverte de poils de chiens ; ou qui reniflent, toussent, pètent tout au long du trajet ; ou qui laissent leurs valises au milieu des places à quatre sièges (surtout dans le train vers l’aéroport)… ou qui crient à leur enfants de se taire et se lèvent pour les forcer à s’asseoir. Bref, si vous êtes familiers des transports en commun, vous connaissez aussi bien que moi le profil-type des navetteurs pour qui une troisième classe mériterait d’exister. Toutes ces joyeusetés ferroviaires sont actuellement remplacées par des ballades ensoleillées avec mon chéri, dans la fraîcheur du bois de la Houssière. En plus les rues pour s’y rendre sont pratiquement désertes ! Pas de voitures en circulation (donc on respire moins de gaz d’échappement), moins de monde (moins de fumée de cigarette), moins de bruit (on peut entendre le gazouillis des oiseaux) moins d’agitation humaine (on voit plus d’animaux dans les endroits verts). Et enfin, je gagne pas mal en heures de sommeil et de table. Ça me paraît bien plus sain et équilibré, pas vous ? J’espère que lorsque les mesures de confinement seront terminées, les entreprises autoriseront plus de jours de télétravail à ceux qui peuvent se le permettre. Ça fera moins de train et de voitures de société à payer à leurs collaborateurs. Donc moins de pollution, des économies, et peut-être même qui sait ? Une productivité plus élevée due à une meilleure qualité de vie. (Laissez-moi rêver, s’il vous plait…)