Vers une société 2.0. Oui, mais … laquelle?

La fracture numérique est au cœur de l’actualité, mais de quoi s’agit-il au juste? Qui est concerné par ce phénomène et comment peut-on lutter contre cette nouvelle forme de précarité ?

À toute chose, malheur est bon. En l’occurrence, la pandémie de COVID 19 à eu un effet « coup de pied au cul » pour les entreprises et surtout les administrations qui rechignaient encore à franchir le pas du digital.
On peut s’en réjouir, car cette digitalisation s’accompagne souvent d’un traitement plus rapide de nos dossiers. De nombreuses démarches peuvent être effectuées automatiquement dès lors qu’on prend la peine de compléter un formulaire en ligne.
Et pourtant, au même moment, des voix s’élèvent contre cette société 2.0.
Un nouveau concept voit alors le jour : celui de « fracture numérique ».

La fracture numérique, de quoi s’agit-il ?
Voyons d’abord le premier élément de ce concept : la fracture. En médecine, une fracture désigne un os brisé. Or un os, c’est normalement une partie du corps plutôt solide, servant de base au maintien du corps. Pour qu’un os se brise, il faut déjà le soumettre à une fameuse pression. Le terme de « fracture » implique donc qu’un élément-clé d’une structure s’est brisé. On est très loin du bobo que l’on soigne à l’aide d’un bisou magique où d’un sparadrap coloré. Passons au second élément à présent, l’aspect « numérique ». À l’origine, le terme « numérique » renvoie au concept de « numéro ». Avec l’arrivée des ordinateurs, (lesquels traitent justement des données « numériques »), le numérique peut aujourd’hui désigner tout ce qui est relatif aux ordinateurs, à l’informatique, au digital. Dès lors, la « fracture numérique » désigne la rupture importante qu’une personne peut ressentir vis-à-vis d’une société digitalisée.

Qui est concerné ?
Lorsqu’on travaille comme employé ou cadre, on peut avoir bien du mal à imaginer que certaines personnes, aujourd’hui, n’aient pas accès à un ordinateur, une imprimante, un scanner. Ou même simplement à une tablette ou un smartphone. Comment imaginer alors que certains de nos concitoyens ne savent même pas comment allumer un pc, utiliser une souris, ouvrir un logiciel de traitement de texte pour y encoder un CV, naviguer sur un site web pour y retrouver le bon formulaire à compléter pour introduire une demande de remboursement ?
N’en déplaise à la génération « papier-crayon », savoir se servir d’un ordinateur est aujourd’hui devenu une compétence aussi importante et indispensable que de savoir lire, écrire et calculer. Songez à tous les domaines de la vie dans lesquels vous passez désormais naturellement par des outils informatiques : compléter un formulaire de préinscription à des cours de sport ; se faire livrer un colis à domicile ; compléter sa déclaration d’impôts ; trouver les coordonnées de n’importe quelle entreprise ; renouveller son abonnement de bus ; acheter un ticket de train ; ouvrir et gérer un compte bancaire ; payer par carte ; postuler pour un job,… cette liste non exhaustive met en lumière à quel point ne pas savoir « surfer » sur le net est aussi angoissant et handicapant que de se retrouver face à un tsunami alors qu’on ne sait pas nager. 

Tous égaux devant la loi?
Chaque citoyen a des droits. Mais lorsqu’il s’agit, pour les faire valoir, de compléter des formulaires en ligne, la question de l’éthique doit venir sur la table. Peut-on exiger de nos concitoyens qu’ils disposent d’un ordinateur et sachent s’en servir, de la même manière qu’autrefois, on leur demandait de répondre par écrit, en investissant dans du papier, un bic, une enveloppe et un timbre ? Peut-être, à condition toutefois de leur en donner les moyens.

Pour ne pas laisser sur la touche nos concitoyens les plus précaires, il est urgent d’investir dans l’éducation permanente. Notre gouvernement nous a montré qu’il était capable d’investir dans une vaccination de masse, ainsi que dans la distribution de masques buccaux. Il intervient déjà auprès des entreprises pour les aider à financer les formations de leurs employés. Le Forem et Actiris aussi offrent des formations… à qui sait où les retrouver ! ( Spoiler alert : sur leur site internet !!! [ Rire jaune… Celui d’un emoji?])

En tant que citoyen, vous avez le devoir d’interpeller vos représentants politiques. La radio, la télévision, la voie postale, les événements, les asbl, les écoles et centres de formation,… sont autant d’acteurs qui ont leur rôle à jouer pour veiller à une plus grande inclusion. Vous aussi en tant qu’employé, cadre ou indépendant, pouvez veiller à ce que vos clients recevoient un service de qualité, en vous rendant plus accessibles, et au besoin plus disponible pour ces personnes.

Alors, les oubliés du numérique, « Delete », « Escape » ou « Enter »? Reprenez le Ctrl!

😉

Catherine Petit.