On demande Madame Maertens

La semaine dernière, alors que Pierre-Yves était sortit faire des emplettes, j’entends sonner à la porte. Je m’étais dit qu’il était peut-être de retour, et qu’il avait oublié ses clefs, ou qu’il voulait tester le parlophone… La porte de notre appart était ouverte, mais pas la porte d’entrée. Je décroche pour savoir qui est en bas. Je m’aperçois que le son que j’entends ne vient pas du parlophone, mais de la cage d’escaliers. Je décide donc de descendre. Et je vois deux dames, qui me demandent si je suis bien Madame Maertens. La boite aux lettres indique pourtant bien nos deux noms complets! Ne sachant pas encore à qui j’ai affaire, je leur répond un peu maladroitement: « heumm,… pas exactement. C’est à quel sujet? »

Et là, ni une, ni deux, la dame de droite brandit un dépliant de sous son aisselle (ou peut-être d’un sac en bandoulière?) et me sort un discours qu’on sentait préparé de longue date sur les valeurs liées au mariage. Politiciennes en campagne? Mais la dame de droite commence à me lire son dépliant : Jean l’apôtre nous dit ceci et untel dit cela… Ah bon d’accord. C’est bien une campagne, mais pas politique. J’ai affaire à des témointes de Jeovah!

La dernière fois que j’avais eu affaire à un témoin de Jeovah, c’était à Berchem. Il s’appellait Jeremie et voulait parler à Céline. En apprenant qu’elle n’était pas là, il a pensé que je ferais aussi bien l’affaire. Comme à l’époque, j’étais au chômage, je l’avais invité à me raconter tout ça autour d’un verre d’eau. Je lui avais posé plein de questions sur la place des femmes dans la bible, et il m’a appris qu’il existait des prophétesses, comme Houda, par exemple, dont je n’avais jamais entendu parler ou Myriam, la soeur de Moïse (qui est tout de même un personnage secondaire dans l’histoire de Moïse, faut pas se mentir!) J’ai appris aussi que Jeovah était en fait le nom de Jésus, mais en hébreux. J’avais trouvé l’échange intéressant, bien que je n’ai pas pris la peine ce jour-là d’explorer les détails.

Mais revenons à nos moutons! Je me sens alors vraiment embarrassée. Zut alors! Je viens de leur dire que je ne suis pas vraiment Madame Maertens, et on me parle des valeurs du mariage! Je ne peux réprimer un petit sentiment de gêne. Vais-je, dès mon arrivée à Braine être considérée comme une personne de petites moeurs? Une impie? Une mécréante? Je tente de rattraper le coup. Et je les assure que je vais lire leur brochure attentivement. Après quoi, je profite d’avoir quelqu’un qui vient à moi pour me faire de nouvelles connaissances à Braine. Vous êtes de la région? Où habitez-vous? Elles me disent qu’elles viennent d’Écaussinnes. Bon d’accord. Je ne risque pas de les recroiser de sitôt. Je leur adresse encore quelques paroles polies et puis je les laisse continuer leur tournée car il me reste du travail. Comment? Non, je ne pense pas que mes voisins soient là. Désolée. Oui, Au revoir! 

Mardi soir, alors que je mets un peu d’ordre dans le salon, je retombe sur la brochure. Et je propose à Pierre-Yves de répondre avec moi aux petits quizz sur les différents thèmes liés au mariage (Engagement, Esprit d’équipe, Respect et Pardon ). Quelques idées de la brochure nous semblent vraiment étranges. Par exemple, l’idée que si un mariage part à vaut l’eau, c’est à cause d’un manque d’engagement, et qu’on peut discuter ensemble de comment recoller les morceaux pour tenir son engagement. Je me dis que si c’est ça, il vaut mieux avoir longuement réfléchit à l’engagement qu’on veut formuler à son mariage pour pouvoir facilement s’y tenir! Je me dis aussi que ce genre de parole ne tient pas vraiment compte du fait que les gens peuvent évoluer, aspirer soudain à un mode de vie radicalement différent. Et que pour être certain de pouvoir tenir son engagement, il vaut mieux qu’il soit très général, un peu bateau. Dès lors, est-ce-que ça a un réel intérêt?

La poursuite de la brochure nous a aussi donné une occasion de nous dire ce que l’on admirait l’un chez l’autre. C’est toujours ça de gagné! 🙂 Je crois qu’au fond, je les aime bien, les témoins de Jeovah.

Jeudi : les techniciens de chez Voo sont enfin venu nous installer internet! Je peux enfin publier mon article! Hourra!

Samedi : On sonne à la porte. Personne ne s’était annoncé, alors je m’attendais encore à voir d’autres témoins de Jeovah, mais lorsque j’ai ouvert la porte, j’ai aperçu sur le perron… Un agent de police! L’homme, immense, a demandé à entrer. D’abord surprise, et perplexe, je me suis soudain souvenue avec soulagement qu’on devait encore recevoir la visite d’un agent de quartier, pour notre domiciliation. Ça y est! Nous sommes officiellement domiciliés dans notre nouveau nid. Il ne nous reste plus qu’à changer notre adresse sur notre carte d’identité et à nous déclarer cohabitants légaux.

Nous recevons déjà du courrier au nom de Monsieur et Madame Pierre-Yves Maertens… Ça me fait tout drôle. J’ai envie de leur dire d’attendre encore un peu avant de m’appeller Madame Maertens. D’un autre côté, autant m’y habituer progressivement. 🙂

 

Bisous, à tous,

Cath.

 


Ne ratez pas mon prochain article, qui vous donnera des nouvelles de Gisèle et Neville!