Scoutisme à la Polonaise

Bonjour à tous.

Dans un désir chaque jour plus grand d’apprendre le polonais, j’ai décidé de passer quelques heures par semaines en immersion totale… c’est-à-dire : entourée d’enfants. Comme je travaille déjà en semaine, j’ai cherché une activité disponible le week-end. Tant qu’à faire, une activité un peu sportive, et qui m’obligerait à quitter mon lit pas vraiment douillet…

Il n’y a pas vraiment de suspense, tout est dans le titre : le scoutisme.

Avant mon départ, j’animais déjà en Belgique les scouts de La Roche-en-Ardenne. J’ai consulté le site de « l’asbl les scouts » à propos des « erasmus scouts« , et j’ai contacté le 21 pour savoir comment procéder. P1030064 Une fois bien installée en Pologne, j’ai simplement repris contact avec Anne Mondy qui a entrepris toutes les démarches pour moi. Elle a contacté Bartek Szczepaniak, responsable des scouts en Pologne. On s’est rencontré autour d’un jus de fruits fraîchement pressé, et il m’a expliqué le fonctionnement du scoutisme en Pologne, ainsi que son rôle. Il m’a également parlé du mini-camp de ce week-end à Tuzyn ainsi que de l’intercamp à Nyce en mai.

Bartek Szczepaniak m’a mise en contact avec Bartek Cota (qui est disons « chef d’unité » de Lodz ouest), qui organisait le mini-camp de ce week-end. Quand je dis mini-camp, comprenons-nous bien. Un camp de deux jours. Mais avec une flopée d’enfants. Imaginez un mini camp pour tous les scouts de Namur…

À son tour, Bartek Cota m’a présenté Michał, un routier prêt à s’occuper de moi tout le week-end.


Le samedi, nous avons eu droit à un grand jeu de 7h dans les bois.

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Il fallait retrouver différents postes, retracer les chemins sur la carte et participer aux activités proposées… chacune durait trois bons quarts d’heure. Nous n’avons eu le temps de n’en faire que 3 : une à propos des transfusions sanguines et d’organes; la seconde était un coin cuisine qui tombait à pic; et la troisième concernait l’histoire de la Pologne. Après ça, nous avons cherché un autre poste mais nous avons marché beaucoup trop loin, nous nous sommes un peu perdus et Michał nous a fait sortir du bois pour nous ramener à l’école où on logeait par la route.

 

Au soir, on a eu droit à de la danse. Chaque groupe avait préparé une chorégraphie sur une chanson liée à l’Afrique. Le gymnase était complet. Je me suis bien amusée.

 

Le lendemain a été beaucoup plus statique, mais tout de même fort agité. Nous avons eu droit cette fois à des jeux de rôles machiavéliques. Dans le premier, on recevait chacun un papier avec un nom de métier (j’en ai appris quelques-uns du coup). Apocalypse due à une invasion de zombies. Seules 8 personnes pourront être sauvées. Sur base du métier de chacun, on doit décider quels seront les élus, et qui restera sur place. Beaucoup de fous-rires, d’argumentation… De remise en question de la pertinence de chacun à la lumière de nouveaux éléments. Par exemple, on avait choisi de sauver le fermier pour qu’il puisse nous nourrir dans ce nouveau monde, mais en apprenant qu’il est homosexuel, on s’est dit que pour la survie de notre espèce, il valait peut-être mieux privilégier des personnes capables d’assurer notre reproduction. C’est beau la discrimination… Le plus débile c’est qu’on l’a remplacé par la fleuriste, qui s’y connait aussi en plantes du coup, mais qui est une femme, donc point de vue reproduction… un homo ou une femme, il nous fallait surtout un homme qui se reproduise… et de toute façon, un seul homme dans le groupe eut été suffisant… ^^ De même le super-héros à été écarté lorsqu’on a appris qu’il était en fait malade mental, puis récupéré parce qu’il était peut-être le seul à connaître le code pour ouvrir le sas et nous libérer de notre bunker. Et puis parce que s’il était schizophrène, on sauverait « plus de monde » en une seule place. Enfin bref, … on est vraiment des saligauds, car on a procédé par élimination plutôt que sur base des qualités de chacun… Le chirurgien à été finalement mis de côté car il portait peut-être le virus EBOLA, le groupe des laissés pour compte n’en voulait pas non plus, mais je les ai convaincus qu’EBOLA ou les zombies, … ils mourraient de toute façon… et qu’avec un peu de chance, les zombies mourraient du virus EBOLA…

Ce genre de jeu permet de comprendre comment des comportements extrêmes du style le nazisme peuvent germer même dans la tête de braves gens. Wow. Ça fait peur. En fait, je crois que tout part de là : la peur. … et l’idée qu’il faut se battre pour sauver sa peau, et chacun pour soi, tant pis pour les autres. Diviser pour mieux régner… la règle de base de tout despote qui se respecte.

Le jeu suivant avait plus des airs de « Loup-garou » mais en plus complexe. Au lieu d’avoir 2 équipes (les loups VS les villageois) il y en avait 4 : les indiens, les shérifs, les bandits et les aliens… je n’ai pas bien compris les intérêts de chacun, mais ça argumentait encore dans tous les sens.

Ensuite, il y a eu une cérémonie d’au moins une heure. Avec un côté très « militaire » (uniformes impecs, saluts officiels, garde à vous et repos…) pendant laquelle les plus méritants ont été félicités. À ma grande surprise, on a reçu un badge, pour avoir été les meilleurs au jeu de 7h… Jadija a aussi reçu un jeu de société et des ciseaux pour des découpes amusantes. D’autres ont reçu des raquettes de badminton, des diplômes, … On a aussi reçu un prix pour la soirée danse.

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Point de vue immersion, j’espérais beaucoup plus. J’ai passé peu de temps avec les enfants au final, et Michał  me traduisait chaque fois le plus important. (Thank you Michał for all the translations. And dont worry. I can assure you that you can speak english very well and that I could understand you without any problem) Après tout, c’est sans doute mieux ainsi : il m’a réexpliqué le fonctionnement du scoutisme, mais en partant cette fois des sections. Il m’a aussi parlé des uniformes et m’a questionné sur le scoutisme en Belgique.

Au retour, j’ai tout de même été près des enfants (faut dire qu’on était tellement nombreux dans ces bus que je ne pouvais pas vraiment y échapper ^^), je me suis présentée en Polonais, je leur ai dit que je venais de Belgique et que je ne comprenais pas le polonais… Je leur ai demandé de m’apprendre les couleurs, et les parties du corps. C’était très chouette. Les enfants étaient fiers de pouvoir m’apprendre quelques mots, … et n’hésitaient pas à m’apprendre les plus rigolos, qu’ils me demandaient en retour en anglais et en français.
Je croyais avoir un accent pas trop mauvais, mais vu le nombre de fois qu’ils m’ont rit au nez, en m’entendant répéter, je devrais être plus modeste.

De ce que j’ai compris, un tel rassemblement à lieu deux à trois fois par an. Généralement, chacun anime de son côté.