Nord de la Pologne

Bonjour à tous. Pardon d’avoir tardé à donner de mes nouvelles. Il faut bien avouer que, sans les photos sous les yeux, la tâche est moins simple. Je dois tout me repasser en mémoire, et ce n’est pas un exercice auquel je suis habituée. Peut-être ferais-je des fautes chronologiques tout au long de ma narration (1).

Vendredi : Hel

Vendredi matin, au milieu de la nuit, une cacophonie retentit d’un bout à l’autre de l’appart. Nos gsm, branchés (pour être bien chargés!), loin de nos lits (pour qu’on soit obligées de se lever !) nous réveillent. La tête dans le cul, on se dirige Francesca et moi vers la cuisine pour boire du thé, et manger un petit quelque chose avant de partir. On appelle Fanny pour vérifier qu’elle est bien réveillée et on finit nos bagages. Nos paupières sont encore lourdes, mais déjà un sourire se dessine sur nos lèvres comme pour dire : « Je vois que toi aussi, tu aurais bien dormi quelques heures de plus ».

Fanny appelle à son tour. Elle est en bas de notre immeuble et le taximan qui a tout compris se rapproche. Francesca et moi, on enfile nos doudounes, on ferme tout et on descend. Je mets mon gros sac à dos dans le coffre. Les copines, moins confiantes, préfèrent garder leur sac auprès d’elles et, bien qu’il y ait trois sièges sur la banquette arrière, je me retrouve sur le siège passager de devant, en mode copilote.

Nous voilà arrivées à la gare. 10 zloty. C’est moins cher qu’annoncé. Le weekend commence bien. 🙂 Le polskibus est déjà là. Je crois qu’il vient de Cracovie parce qu’il y a déjà du monde dedans. On se demande à quelle heure ils sont partis de là bas. Fanny et Francesca montent me garder une place le temps que je mette mon gros sac à dos dans le coffre, et c’est partit pour 5 heures de route en direction du Nord de la Pologne!

Au bout d’un moment, la pluie s’invite. Fanny craint un weekend tout pourri… En grande experte de la pluie (24 ans sur le sol Belge, quand même) je la rassure : « Il va pleuvoir pendant les 5 heures de route, et puis tout sera tombé et on sera tranquilles » (prononcez [trãkij], comme à La Roche; j’aime bien sensibiliser Fanny au charme de la culture Belge)… En tout cas, j’espère avoir raison; mais là dessus, je me fais confiance : j’ai toujours été sensible à la pression atmosphérique. La pluie tombe bien, ça ne durera pas.

5 heures de tentative de dodo plus tard, nous voilà arrivées à la gare des bus de Gdańsk. On rejoint la gare des trains. Je taquine un peu Fanny. En guise de « va te faire foutre », elle me dit, en anglais (pour que Francesca comprenne) « Go to Hell ». Ça tombe bien, lui dis-je, c’est la qu’on va! (humour, humour!) Voilà le guichet… c’est à mon tour de jouer! J’ai le plaisir d’être considérée par mes amies comme la plus débrouillarde en Polonais. « Chciałabymy jechac pociągiem do Helu » (« Nous voudrions aller en train à Hel ». Il va de soi qu’on veut y aller en train! ; je ne le précise que pour le plaisir de l’exercice et pour épater mes copines avec une phrase complète, héhé 🙂 –mégalomanie, le retour-) Nous flânons dans le sous-sol de la gare en attendant l’arrivée de notre train. Il y a un bureau du tourisme et nous y  récoltons quelques trésors (gratuits, cela va de soi) : une carte de la ville de Gdańsk avec les meilleurs restos et loisirs du coin (qu’on ne visitera pas parce qu’ils sont forcément trop chers), des cartes postales publicitaires un peu  moches, mais sur lesquelles il est écrit Gdańsk.

Il est temps de s’inquiéter de retrouver la bonne voie et le bon perron. Il y a quelques TV dans la gare, mais elles n’indiquent que la destination finale, pas les étapes, et puis, il faut s’assurer qu’on prend l’IC et pas le régional… parce que non seulement ça prendrait plus de temps, mais en plus, c’est pas la même compagnie, donc nos billets ne seraient pas valables. Quelques exercices de step plus tard, on trouve le bon quai, et on interroge les gens qui attendent déjà, histoire d’être sûres. C’est l’heure pour moi de redescendre de mon piédestal. Je ne comprends pas la moitié de ce que ces braves polonais me disent… Heureusement, il y a la gestuelle, et puis, on peut montrer nos billets…
« Tak, tak, tu. Tutaj. 🙂  » C’est plutôt rassurant. On reste là. Une fois le train en gare, on interroge cette fois le contrôleur avant de monter pour être certaines.
-Dzien dobry. To jest pociąg do Helu?
– Tak.
– C’est bon les filles, en voiture! Okay girls, let’s go!

Ça y est. Première réelle étape du week-end: Hel. Il fait beau. On s’arrête direct pour manger. Le poisson ne sera sans doute pas cher, on le trouve juste à côté. Évidemment, on ne comprend pas grand chose au menu, sinon les dessins des différentes sortes de poissons. L’échelle n’est pas respectée bien sûr, et nos connaissances en la matière sont relativement basiques, voire même moins que ça, … personnellement, c’est à peine si je sais distinguer un saumon d’une truite.

Je reconnais le mot « śmietana ». Je me dis que peu importe le poisson, du moment qu’il y a de la crème, ça ne doit pas être mauvais. Tiens? Du harang! À peu près le seul truc que je sais traduire. Mais c’est quoi ça déjà, comme poisson? Francesca commande le même plat que moi. On est servies rapidement. Fanny d’abord. Elle a un beau filet grillé. Mmmh ça à l’air bon. Puis Francesca et moi on reçoit une assiette pratiquement vide. Trois patates en chemise, un petit ravier avec la fameuse crème, quelques légumes… quoi? mais il est où notre poisson? … Apparemment, il est dans le ravier. Je ne me souvenais pas que le hareng était un tout petit poisson. On goûte. C’est salé. Très salé. Écœurément salé! Je comprends mieux Goscinny et Chesterfild.

tuniques bleues
Willy Lambil et Raoul Cauvin, Les Tuniques bleues , T.37 « Duel dans la manche », éditions DUPUIS 1995. Chesterfild détourne l’attention du vendeur en lui redemandant du poisson le temps que Blutch trouve de quoi payer. L’estomac de ce premier n’apprécie guère.
acidenitrix
Acidenitrix, personnage tertiaire de la bande dessinée « Astérix », de Uderzo et Goscinny, dans l’album « Le grand Fossé ». Tout au long de la BD, les personnages qui le croisent s’étonnent de l’odeur de hareng flottant dans l’air.

We are so disapointed! Francesca et moi on envie le plat de Fanny qui a l’air bien meilleur. Mais elle nous « rassure »… Il y a plus de peau que de chair dans son poisson.

L’appétit coupé, nous partons à la découverte de la presqu’île…

Hel
Il y a beaucoup de soleil et beaucoup de vent. (C’est normal qu’il y ait du vent, on est à la mer, et même au beau milieu)

 

 

hel_cypel
Les dunes ici sont assez fragiles,… Interdit de marcher dedans. Une sorte de ponton est mit en place pour que les touristes puissent tout de même observer la mer de près.

 

 

hel_plaza_2
Il y a aussi une plage, sur laquelle on peut aller sans problème, qui ressemble à un dépôt de bittes d’amarrage. Curieux. Limite artistique.

 

Et enfin, il y a un « fokarium« . Un genre d’aquarium avec des phoques, si vous préférez. On n’a pas visité mais j’aurais bien voulu. Sur les vitrines, on pouvait voir des panneaux de sensibilisation à la pollution des mers. Nombre de canettes, cigarettes, et tout un tas de trucs retrouvés chaque année sur la plage, photos d’animaux souffrant de la pollution … Les gens cherchent des endroits paradisiaques où passer leurs vacances, et au lieu de veiller à ce que ça reste un bel endroit, ils le polluent. C’est tout de même con! Est-ce-que ramasser ses capsules et canettes de bières, ses papiers plastiques, le bâton de sucette du gamin, les mégots de cigarette, ça demande un effort surhumain? Non. Je ne crois pas. Faut croire que c’est dans la nature humaine que de vouloir laisser une trace de son passage… Comportement déplorable. 🙁

Heureusement, le long de la passerelle dans les dunes, il y a moins de déchets, et la promenade fut agréable. Sur la plage, je me suis risquée à mettre les pieds dans l’eau. Elle était froide, mais c’était tout de même agréable. J’ai aussi été surprise par la couleur de l’eau. Pour ceux qui ne me connaissent pas, il faut savoir que j’ai toujours passé mes vacances d’été à la mer du Nord, où l’eau est plutôt brunâtre que bleue. Même si un ami m’avait déjà affirmé que l’eau en Croatie était bleue, je restais persuadée que l’eau de mer bleue était une sorte de mensonge photoshopé des catalogues publicitaires aux destinations de vacances paradisiaques. Bon, c’était pas non plus vraiment très bleu, mais on était loin de l’espèce de vase de la vlaamse kust.

Le soir, on a dormi dans une auberge de jeunesse. On avait deux lit doubles pour trois. Fanny a joué à pile ou face celle de nous qui dormirait seule. J’ai eu ce privilège. Nos voisins célébraient un anniversaire et nous ont invité à se joindre à eux, mais on était claquées par notre demi nuit dans le bus, nos trajets en train et à pied avec nos sacs…  Nous avons décliné poliment, pris une douche et dormi comme des loirs.

Qu’Hel aventure! Et ça ne fait que commencer.

Samedi : Gdynia et Sopot 

Malgré la fatigue de la veille, je me suis réveillée de bonne heure. J’en ai profité pour écrire mes cartes postales. À propos de cartes postales, il faudra qu’on m’explique cette manie qu’ont les vendeurs de cartes postales de ne jamais proposer le timbre qui va avec, et encore moins un timbre européen. Pff! Soit. J’ai petit-déjeuné avec les « choco-princes » de Fanny (ou plutôt des « Hit » mais en soi, c’est pareil.) Ensuite, on a replié bagage, on a avalé un choco chaud puis on a repris le train vers Gdynia.

On a déjeuné à grand coup de pizza, puis on est parties à la découverte de la ville. Gdynia est un peu plus au sud de Hel. C’est une ville portuaire, alors on a surtout regardé les bateaux. Beaucoup étaient hors de l’eau, et c’était bizarre de voir la partie normalement immergée. Ça semblait beaucoup plus grand. On s’est aussi un peu arrêtées sur la plage pour retrouver notre âme d’enfant : Francesca savourait le chant des vagues, Fanny faisait des pâtés de sable, et moi je partais à la chasse au coquillages exotiques. Quelques oeuvres d’arts plus tard, on est reparties vers Sopot. Grosso-modo, c’était encore la même chose : la mer, plus ou moins accessible, … Mais il y avait cette étrange galerie commerciale, digne de l’architecte Numerobis, ou comme sortie tout droit d’un roman de Lewis Caroll…

1624-Sopot-krzywy-dom

Et puis, ce ponton allant loin dans la mer, sur lequel on a pris pleins de photos tant bien que mal, car il y avait du monde.

sopot ponton

Une fois la lune levée et le soleil couché, on a diné au Greenway puis repris le train une fois de plus pour Gdańsk, où nous avons rencontré Oscar, l’ami de Marta. Denouveau, deux lits doubles. Sauf que c’était quand même sa chambre. Bien sûr, ça ne le dérangeait pas de partager son lit avec l’une d’entre nous, mais puisqu’il y avait des tapis de yoga et de la place pour improviser un autre lit au sol, on a préféré choisir à pile ou face celle de nous qui dormirait au sol. Francesca était enchantée de dormir pour la première fois de sa vie dans un sac de couchage à même le sol… Mais pendant la nuit, je l’ai quand même vu remuer pas mal de fois, histoire de trouver une position confortable. Lol. Elle s’en est bien sortie. 🙂

Dimanche : Gdańsk

La ville de Gdansk est la sixième plus importante de Pologne. Et son port est le plus important du pays. Certains bâtiments de la ville m’évoquent le quartier du Grognon, la place d’Armes et la Halle al Chair de Namur. Les autres ont davantage des airs d’Antwerpen. Je ne sais pas pourquoi, il y a quelque chose de similaire dans l’architecture. Peut-être est-ce juste dû au canal. Enfin, par moment, il y a dans les toits des cercles, qui me rappellent carrément les cerceaux du qwiddich.


(1) Fanny si tu passes par ici, n’hésite pas à me rafraîchir la mémoire 😉

Pour l’instant, mon article est illustré avec des photos issues d’Internet (principalement Wikipédia), j’attends les photos de Fanny pour vous montrer quelque chose de plus personnel (et pour récupérer des souvenirs).

 


Merci à tous les internautes qui m’ont suivie dans cette aventure. Tous vos commentaires m’ont fait plaisir (même si je ne les ai pas toujours affichés) Je suis toujours contente d’apprendre qu’un de mes articles est apprécié. J’ai eu beaucoup de plaisir à écrire également, et je pense que je vais essayer de continuer, mais je ne sais pas encore à quel sujet. Pour les mois qui viennent, je vais reprendre l’animation scoute à La Roche, reprendre des cours d’autoécole, peut-être m’inscrire à un conservatoire de musique, et j’aimerais aussi reprendre la tapisserie.

… Ah! et, accessoirement, je vais reprendre ma recherche d’emploi aussi. 😉

Et pour ce qui est d’entretenir mes connaissances en anglais (voire en polonais, mais j’ai un doute), ça va beaucoup dépendre de mon job, parce que Wallangues c’est bien beau, c’est très bien foutu, mais les langues, ça s’apprend par la pratique.

 


 

Fin de mon EVS en Pologne.

Envie de te lancer à ton tour dans l’aventure? Viens surfer par ici:  https://europa.eu/youth/be/article/46/3269_en