Il ne dira plus co-co-di, co-co-da…

/!\ Ames sensibles s’abstenir /!\ Ne lisez pas cet article si vous êtes végétarien.

Cela faisait quelque temps que l’on en parlait. Notre petit poussin, celui qui avait une petite tache noire sur la tête, et qu’on avait prénommé Uno, était devenu en quelques semaines un jeune coq. Et dans toute la fougue de sa jeunesse, il n’hésitait pas à nous sauter dessus. Je voulais croire que c’était une manifestation de joie, ou une façon de réclamer à manger, ou encore sa manière de nous défendre d’approcher de ses poules. Mais Pierre-Yves n’était pas de cet avis. Et Uno sautait sur Gustave au point de l’effrayer. Pierre-Yves avait coupé ses rémiges, mais Uno parvenait tout de même à sauter par dessus la clôture du poulailler, même après qu’on l’ait changée pour une clôture plus haute. Pierre-Yves soutenait que nos enfants (ainsi que celui de notre voisin) ne pourraient pas jouer sereinement à l’extérieur tant que cet animal déambulerait librement dans le jardin.

J’aimais bien notre coq. Souvent, il venait jusque sur le balcon pour réclamer à manger. Je pouvais le voir et l’entendre chanter depuis le confort de ma maison. Le matin, je pouvais entendre son chant s’élever doucement depuis le fond du jardin. Souvent, je m’amusais d’être réveillée au chant d’un oiseau, telle une princesse Disney. Mais l’animal n’était pas docile, et ses ergots allaient pousser jusqu’à devenir des armes. En cas d’accident, en cas de blessés, nous pouvions, Pierre-Yves et moi, être tenus responsables du comportement de notre coq. Il fut décidé qu’Uno passerait à la casserole. Et croyez-moi, ce n’est pas de gaité de cœur que je finis par admettre que cette décision était somme toute pragmatique.

Mon beau-père vint de bonne heure ce matin-là nous montrer comment nous y prendre. Attraper la bête. Lui donner un grand coup sur les tempes pour l’assommer. Le décapiter, si possible en une seule fois. Maintenir son corps encore frémissant. Le plonger dans l’eau chaude. Arracher les plumes. Et voilà notre Uno méconnaissable, aussi nu qu’une volaille de supermarché.

Je pensais qu’on verrait du sang gicler partout. Je m’étais habillée en prévision. Mais il n’en fut rien. Thierry m’expliqua que cela arrivait plus probablement lorsqu’on laissait l’animal courir sans tête.

C’est étrange. J’avais beau m’être attachée à cette bête, je ne ressentais ni dégoût, ni déchirement. Pas même de la tristesse. Tout au plus un peu de pitié pour lui entre le moment où il fut assommé et le moment où il fut décapité. Je m’attendais à être profondément bouleversée par ce qui lui arriverait. Je me demandais si, à l’instar de ma grand mère qui était incapable de manger de l’agneau après que le sien eut servit de repas au mariage de sa tante, je deviendrais soudain incapable de manger du poulet. Mais j’observais la scène avec intérêt.

Je dois avouer que je me sentais comme complice d’un crime. Mais d’un crime socialement acceptable. Je me suis demandée si une personne en tuant une autre par racisme profond, ou par devoir en temps de guerre, ressentait la même chose que ce que je ressentait en cet instant. En l’espace d’un instant, l’âme d’Uno avait quitté son corps, et je n’avais plus devant moi qu’un cadavre de coq. De la volaille, qui passerait bientôt à la casserole. Les morts ne souffrent pas. Toute forme de pitié ou de compassion était désormais absurde.

Tout de même, sans être profondément bouleversée, je cherchais tout de même à justifier ce qui venait de se passer, preuve que je n’étais pas tout à fait à l’aise :

  • « Je l’ai nourris pendant plusieurs mois, à présent, c’est son tour de me nourrir. » ;
  • « C’était lui ou un enfant. » ;
  • « Au moins, on ne risquera pas de retrouver des œufs fécondés lorsqu’on fera de la pâtisserie »…;
  • « D’une certaine manière, en le bouffant, il fera partie de moi, il sera au plus près de mon cœur… » mais la réalité me rattrapait aussitôt, « … Plus près de mon estomac et de mes intestins surtout ».
  • « Oh et puis, le poulet qu’on achète au supermarché aussi fut vivant avant d’être une viande ».

Je sentais bien que d’avoir assisté au meurtre de cet animal me faisait prendre un peu plus conscience de la réalité sordide cachée derrière mes habitudes alimentaires. Dans notre société occidentale, en particulier dans les villes, on est parfois bien déconnectés du réel. On mange un biscuit sans se demander d’où proviennent les différents ingrédients qui le composent ni quelles sont les conditions de travail des différents acteurs de sa chaîne de production. On achète un vêtement, un fruit, un poulet, sans se préoccuper de son histoire et des âmes qui lui ont permis d’arriver jusque dans nos foyers. Trop souvent, on se débarrasse de biens encore corrects, par caprice. Je ne peux pas prétendre que tuer Uno a modifié mes habitudes de consommation. Mais cet événement a eu le mérite de les questionner.

Une fois dans la cuisine, il fallait encore l’évider, le découper, le cuisiner. Mettre de côté les bas morceaux : système digestif, reproducteur (à ce propos, je fus surprise de découvrir que les gonades d’un coq sont au moins aussi grosses que des pouces). En voyant le gésier se vider de ses graines dans l’évier, et le sang de l’animal se répandre sur le plan de travail, je ne pus m’empêcher de penser à Manon, notre aide ménagère, qui avait tout nettoyé la veille. Et que je pourrais tout renettoyer quelques heures plus tard. Gustave n’a pas assisté à l’exécution, mais il était près de nous en cuisine, et on ne lui a pas caché ce qu’il se passait. Il nous demandait pourquoi on avait tué Uno. On lui disait que Uno devenait dangereux. Il semblait trouver la punition tout de même rude, bien qu’il nous accordait que Uno était méchant. Il nous demandait pourquoi on allait le manger. On lui disait que la viande de poulet, c’était bon. Je me suis demandée s’il craignait qu’on lui réserve le même sort s’il était trop désobéissant. Du haut de ses 18 mois, Valou de son côté, chantait « cocooo » en nous montrant du doigt les poules dans le jardin. On lui disait que le coq chantait cocorico, et qu’on ne l’entendrait plus chanter cocorico.

J’espérais que ce coq serait le poulet le plus délicieux qu’il m’ait été donné de manger. Cela aurait rendu son sacrifice plus doux. Quelque part, ça aurait valu le coup, non seulement de l’avoir tué, mais aussi de l’avoir élevé soi-même. Comme lorsqu’on se réjouit de manger les fruits et légumes de notre potager et que l’on se convainc qu’ils ont le bon goût de l’authentique. Alors qu’en réalité, le potager aussi connaît des ratés. Et si l’on est si fier de montrer les plus beaux légumes, c’est bien qu’on en a connu des faiblards. Lorsqu’il s’agit de peler des carottes, il faut reconnaître que c’est plus simple si elles sont droites. Même déception concernant Uno. Sa chair était bonne, mais sans plus. Aurait-on dû le cuire dans un autre vin? Avec d’autres légumes ? Épaissir la sauce? Je ne le saurai jamais.

Bilan plutôt mitigé. Pas grave. Pas extraordinaire non plus. Ce n’est pas que je ne le ferai plus jamais. Ce n’est pas non plus que j’ai hâte de recommencer. C’était mon coq. Mais quand je parle de cet évènement autour de moi, ça semble d’une telle banalité. Les réactions auraient été tellement plus vives s’il s’était agit d’un animal de compagnie plus fréquent, comme un chat, un chien, ou un cheval. Je me rappelle d’une discussion à propos de la pêche. Une personne de mon entourage à l’époque était très fière d’avoir épuisé le poisson, d’être parvenue à le sortir de l’eau. Pour l’y replonger ensuite, blessé. J’avais trouvé son acte cruel, car le poisson, toujours vivant mais épuisé, pouvait souffrir de mourir lentement, bouffé petit à petit par ses congénères ou parce que sa plaie se serait infectée. Notre coq n’aura pas souffert, ou alors pas longtemps. Et son sacrifice n’aura pas été récréatif, vain et cruel. On l’a fait pour protéger nos enfants tout d’abord, puis pour nous nourrir ensuite, histoire de ne pas gaspiller, mais sans plaisir sadique à le voir souffrir.

28-09-2023 Uno

08-12-2023 Uno, Dos et Tres

Gustave et ses poules #04 : les triplés.

Cela faisait plusieurs mois déjà que Nicole boitait. Elle allait de-ci, de-là, claudiquant à la recherche de quelques restes de nourriture. Gustave lui laissait presque toujours des croûtes de pain ou une assiette de légumes. Bien sûr, il présentait son geste comme une démarche altruiste, mais cela ne dupait personne. Aussi lorsqu’un repas de Gustave parvenait jusqu’à elle, c’était le plus souvent parce que ce dernier nous avait tenu tête trois jours d’affilée et que le repas était devenu immangeable. Oh! Pas dans son entièreté bien sûr. Nous savions bien qu’elle saurait faire le tri entre ce qui était pourri – qu’elle laissait volontiers aux lombrics du coin – et ce qui était encore commestible. Et puis, cela ne nous empêchait pas de lui donner par ailleurs un bon mélange de graines. Mais tout de même, on se demandait bien ce qu’elle avait à la patte. Elle fut même emmenée chez le vétérinaire. Celui-ci lui injecta je-ne-sais quel cocktail d’antidouleurs, en prétendant que son état devrait s’améliorer dans les jours qui viendraient. Hélas, les jours passaient, et la noireaude continuait de sautiller sur sa patte valide. Il arriva même un moment où elle sembla déterminée à rester dans son nid. J’essayai tout d’abord de l’apâter avec des graines. Cela sembla fonctionner quelques temps, mais sitôt qu’elle avait finit de picorer, elle s’en retournait bouder dans son coin. Je n’avais même pas même le temps de récupérer ses œufs, qu’elle couvait désormais sans relâche. Je commençais à craindre une sorte de dépression. Avais-je négligé cette pauvre bête en ne retournant pas chez le vétérinaire ? Pierre-Yves me soutenait que « c’est con, une poule, et en vrai, on s’en fout un peu qu’elle boîte ». Je gardais en moi un sentiment mitigé.

J’ai beau savoir que mon mari est le genre d’homme auquel on peut faire confiance, je ne pus m’empêcher, comme à mon habitude, de recueillir d’autres opinions. Mon beau-père qui avait eu des poules dans le temps, me conseilla de lui donner des œufs fécondés à couver. « Dès qu’ils auront éclos, tes poules vont s’en occuper et tu pourras denouveau prendre leurs œufs. » Il m’offrit donc des œufs, fraîchement pondus par une poule inconnue, laquelle venait d’être assaillie par un coq tout aussi anonyme.

« Il suffit que tu les marques pour les reconnaître, et tu attends une vingtaine de jours ». Les autres œufs, si tu ne sais pas les prendre, il vaudra mieux ne pas les consommer, ils risquent d’être trop vieux. Sinon, tu peux aussi bien tous les manger à ce stade, c’est pas grave ». Cette dernière suggestion, bien que pragmatique, me fit tout de même un petit pincement au cœur. Aussi, pris-je la peine de dessiner un poussin sur chacun des œufs qu’il venait de m’offrir. De retour à la maison, je m’approchai doucement de Nicole pour ne pas l’effrayer et, farfouillant le nid sous son corps chaud , j’échangeai prudemment les œufs vierges contre les éventuels poussins en devenir. Je n’avais plus qu’à attendre.

Au départ, Lucette continuait de vivre sa vie comme si de rien n’était. Mais au bout de quelques temps, elle se mit elle aussi à couver du matin au soir. Cette fois-ci, ce comportement m’apparut comme une bonne nouvelle. Il y avait bien de la vie dans ces œufs et nous allions peut-être voire éclore des poussins. J’espérais que Gustave et moi pourrions assister en direct à l’éclosion. Mais je ne savais pas très bien si c’était une bonne idée. Nos poules ne risquaient-elles pas de devenir agressives pour protéger leurs petits? Gustave avait enfin compris que les poules ne fonçaient pas sur lui mais sur le seau de graines qu’il portait. Il avait enfin cessé d’avoir la pétoche ! Je n’avais pas tellement envie qu’il se fasse agresser par une poule alors qu’il serait venu s’émerveiller de la venue au monde d’un poussin.

Il était déjà dans son lit, prétendant depuis plusieurs minutes qu’il avait « fini dodo » ou « besoin de faire caca » ou « veut pas dormir » lorsque je rentrai de l’Académie. Lassée de l’entendre crier, je décidai de lui fausser compagnie au profit de Lucette et Nicole. En arrivant au poulailler, je crus d’abord être témoin d’une scène macabre. En contrebas du nid, j’aperçus des débris de coquilles, et dans le nid, des œufs clairs, laissés à l’abandon. Aucun d’entre eux ne portait l’un de mes dessins. C’est alors qu’un petit « tchip » aigu attira mon attention un peu plus à gauche. Nicole et Lucette se tenaient là, bras dessus, bras dessous quand une petite tache blanche apparu dans le plumage de Nicole. Puis une autre, au niveau du croupion de Lucette. Je vis alors un œil, un bec, des petites pattes. Pierre-Yves qui était sorti arroser les plantes pris en photo l’un de ces charmants petits êtres et le nomma « Charlie » car il semblait jouer à cache-cache. Un troisième pointa alors le bout de son bec et se dégagea de l’étreinte de ses mères adoptives pour venir se pavaner devant moi. Il avait une petite tache noire sur le sommet de la tête, et une autre sur le dos. Son plumage étant encore très clair, cette combinaison me fit un peu penser au pelage d’un dalmatien. Je cherche encore un nom à leur donner.

Comme à ce stade, on ignore encore s’il s’agit de mâles ou de femelles, j’ai envie de leur donner à chacun un prénom non genré, du genre Axel, Daniel, Dominique,… (Il y a quelques mois, j’avais suggéré à un membre du groupe Facebook « Poules : Entraide, Idées, Conseils, histoires et anecdotes » de baptiser « Pascal·e » un poussin né le weekend de Pâques) Mais c’est peut-être aussi simple d’attendre un peu pour voir ce qu’il en est après tout.

J’ai toujours ressenti pour les poules de Gustave un sentiment proche d’un amour maternel. N’ayant eu que des garçons, c’est près d’elles que je me réfugie lorsque je ressens le besoin d’une présence féminine à mes côtés (même si bon, on est bien d’accord, ça vaut ce que ça vaut…) Toujours est-il que me voici donc – à peu près – grand-mère adoptive de trois charmants poussins.

J’ai hâte de les présenter à Gustave.

Vers une société 2.0. Oui, mais … laquelle?

La fracture numérique est au cœur de l’actualité, mais de quoi s’agit-il au juste? Qui est concerné par ce phénomène et comment peut-on lutter contre cette nouvelle forme de précarité ?

À toute chose, malheur est bon. En l’occurrence, la pandémie de COVID 19 à eu un effet « coup de pied au cul » pour les entreprises et surtout les administrations qui rechignaient encore à franchir le pas du digital.
On peut s’en réjouir, car cette digitalisation s’accompagne souvent d’un traitement plus rapide de nos dossiers. De nombreuses démarches peuvent être effectuées automatiquement dès lors qu’on prend la peine de compléter un formulaire en ligne.
Et pourtant, au même moment, des voix s’élèvent contre cette société 2.0.
Un nouveau concept voit alors le jour : celui de « fracture numérique ».

La fracture numérique, de quoi s’agit-il ?
Voyons d’abord le premier élément de ce concept : la fracture. En médecine, une fracture désigne un os brisé. Or un os, c’est normalement une partie du corps plutôt solide, servant de base au maintien du corps. Pour qu’un os se brise, il faut déjà le soumettre à une fameuse pression. Le terme de « fracture » implique donc qu’un élément-clé d’une structure s’est brisé. On est très loin du bobo que l’on soigne à l’aide d’un bisou magique où d’un sparadrap coloré. Passons au second élément à présent, l’aspect « numérique ». À l’origine, le terme « numérique » renvoie au concept de « numéro ». Avec l’arrivée des ordinateurs, (lesquels traitent justement des données « numériques »), le numérique peut aujourd’hui désigner tout ce qui est relatif aux ordinateurs, à l’informatique, au digital. Dès lors, la « fracture numérique » désigne la rupture importante qu’une personne peut ressentir vis-à-vis d’une société digitalisée.

Qui est concerné ?
Lorsqu’on travaille comme employé ou cadre, on peut avoir bien du mal à imaginer que certaines personnes, aujourd’hui, n’aient pas accès à un ordinateur, une imprimante, un scanner. Ou même simplement à une tablette ou un smartphone. Comment imaginer alors que certains de nos concitoyens ne savent même pas comment allumer un pc, utiliser une souris, ouvrir un logiciel de traitement de texte pour y encoder un CV, naviguer sur un site web pour y retrouver le bon formulaire à compléter pour introduire une demande de remboursement ?
N’en déplaise à la génération « papier-crayon », savoir se servir d’un ordinateur est aujourd’hui devenu une compétence aussi importante et indispensable que de savoir lire, écrire et calculer. Songez à tous les domaines de la vie dans lesquels vous passez désormais naturellement par des outils informatiques : compléter un formulaire de préinscription à des cours de sport ; se faire livrer un colis à domicile ; compléter sa déclaration d’impôts ; trouver les coordonnées de n’importe quelle entreprise ; renouveller son abonnement de bus ; acheter un ticket de train ; ouvrir et gérer un compte bancaire ; payer par carte ; postuler pour un job,… cette liste non exhaustive met en lumière à quel point ne pas savoir « surfer » sur le net est aussi angoissant et handicapant que de se retrouver face à un tsunami alors qu’on ne sait pas nager. 

Tous égaux devant la loi?
Chaque citoyen a des droits. Mais lorsqu’il s’agit, pour les faire valoir, de compléter des formulaires en ligne, la question de l’éthique doit venir sur la table. Peut-on exiger de nos concitoyens qu’ils disposent d’un ordinateur et sachent s’en servir, de la même manière qu’autrefois, on leur demandait de répondre par écrit, en investissant dans du papier, un bic, une enveloppe et un timbre ? Peut-être, à condition toutefois de leur en donner les moyens.

Pour ne pas laisser sur la touche nos concitoyens les plus précaires, il est urgent d’investir dans l’éducation permanente. Notre gouvernement nous a montré qu’il était capable d’investir dans une vaccination de masse, ainsi que dans la distribution de masques buccaux. Il intervient déjà auprès des entreprises pour les aider à financer les formations de leurs employés. Le Forem et Actiris aussi offrent des formations… à qui sait où les retrouver ! ( Spoiler alert : sur leur site internet !!! [ Rire jaune… Celui d’un emoji?])

En tant que citoyen, vous avez le devoir d’interpeller vos représentants politiques. La radio, la télévision, la voie postale, les événements, les asbl, les écoles et centres de formation,… sont autant d’acteurs qui ont leur rôle à jouer pour veiller à une plus grande inclusion. Vous aussi en tant qu’employé, cadre ou indépendant, pouvez veiller à ce que vos clients recevoient un service de qualité, en vous rendant plus accessibles, et au besoin plus disponible pour ces personnes.

Alors, les oubliés du numérique, « Delete », « Escape » ou « Enter »? Reprenez le Ctrl!

😉

Catherine Petit.

Un bilan mitigé.

Ce lundi 29 mai, à l’occasion du congé de Pentecôte, mon mari, mes enfants et moi sommes allés à Huy, au Mont Mosan, pour y passer une chouette journée en compagnie de ma meilleure amie Julie et de ses filles, Fanny et Élise. L’entrée était gratuite pour les enfants de moins de 3 ans, et coûtait 12€ par adulte. Mais mon amie m’avait recommandé de prendre pour mon garçon de bientôt 3 ans le pass à 12€ qui lui permettrait de faire toutes les attractions autant de fois qu’il le voudrait. De leur côté, mon amie et ses filles ont pu entrer gratuitement, car leur papa et bon-papa, qui était clown, avait travaillé là pendant des années.

Un peu avant midi, nous nous sommes installées en terrasse. Mon amie m’a demandé de lui avancer un Ice Tea pêche, mon mari un coca, et ils sont partis chercher de quoi manger avec mon fils ainé et les filles de Julie pendant que je gardais les sacs, ainsi que mon plus jeune fils, et que je commandais les boissons. Le coca coûtait 3 €, ainsi que les deux jus de pomme-cerise que j’avais pris pour mon grand garçon et moi. Quant à l’Ice Tea de Julie, il coûtait 2, 50 €. Je n’avais avec moi qu’un billet de 50€ et un peu de monnaie. Quand la serveuse m’a tendu l’addition, j’ai posé le billet de 50€ sur la table, et cherché dans mon sac après 50 cents pour qu’elle puisse me rendre un compte rond, mais je n’avais que 3 pièces de 20 cents. J’ai dit à la serveuse de ne pas s’embêter pour 10 cents et qu’elle pouvait les garder en guise de pourboire. Elle m’a rendu 39€ et est repartie avec mes 60 cents, laissant par mégarde le billet de 50€ sur la table. Lorsque je m’en suis rendue compte, il était trop tard, la serveuse était déjà partie et je ne parvenais plus à me souvenir de laquelle il s’agissait. Tant pis. Tant mieux.

Aidez-vous du texte pour pouvoir répondre aux questions suivantes.

  1. Combien l’entrée au Mont Mosan a-t-elle coûté à ma famille ?
  2. Combien la serveuse a-t-elle gagné ou perdu ?
  3. Sachant que les frites et burgers ramenés par mon mari nous ont coûté 20,50€, et que j’ai finalement « offert » son Ice Tea pêche à mon amie, quel est le bilan financier de cette sortie ?
  4. Si nous avions emporté de quoi manger et que je n’avais pas signalé à Julie l’étourderie de cette serveuse, qu’aurais-je ramené en souvenir de cette journée ?
  • Question bonus : si j’avais voulu écrire « ma famille et moi sommes allées à Huy […] » aurais-je conjugué correctement le participe passé du verbe « aller» ?

Ne pas confondre : la corde de l’archer et les cordes de l’archet.

Qui n’a jamais rêvé d’être ce guitariste au coin du feu de camp,
Qui vous met une ambiance enflammée tout au long de la veillée ?
Je vous avoue qu’à différentes périodes de ma vie, moi aussi j’en ai rêvé.
Mais je n’avais point de guitare jusqu’à présent.

Or il se trouve qu’à ses 19 ans, sur les conseils d’un ami,
C’est justement une guitare que mon époux acquit.
Son pote insistait alors :  » C’est pour draguer les filles ».
Et voilà dix ans, que dans son étui, Dame guitare gît.

Archer de longue date, c’est avec d’autres cordes qu’il parvint à l’époque à me séduire.
La pauvre fut bien peu grattée,
Jusqu’à ce jour où me vint l’envie d’en jouer.
Grand mal m’en pris, sans le vouloir, j’allais lui nuire!

Pooing. Un bruit contre mes tympans
vint se fracasser.
C’était vraiment bruyant !
J’entrepris de l’accorder.

Dans la poche ventrale de l’étui,
se trouvait un diapason
Mi-la-ré-sol-si-mi.
Je connaissais les sons.

Chtoiing. Paf. Mettez-y l’onomatopée de votre choix,

toujours est-il que la corde du « la » céda.
Oups! comme on dit dans ces cas-là.

Il me fallait de l’aide. Et c’est mon prof d’ensemble jazz qui me guida.

Renaud me dit que Simon, l’un des élèves de notre cours, était luthier.
Et qu’il pourrait peut-être me renseigner,
une bonne adresse pour acheter de nouvelles cordes. Ce qu’il fit bien volontiers.
Il m’orienta vers Nivelles, à Harmony Bay.

Peu de temps après avoir obtenu sa réponse, c’est assez cocasse
je trouvai des cordes de rechange dans l’étui.
Mais mon enthousiasme était quelque peu refroidi.
La vue d’un tutoriel sur youtube calma définitivement mon audace.

Simon aurait-il la gentillesse de me remplacer une corde, avant le prochain cours?
Dépassant mes espérances, il me proposa de passer à son atelier, un de ces jours!

Dans la chaleur tendre d’un poêle à bois, c’est à Virginal que je fus reçue,
au milieu de guitares plus jolies les unes que les autres,
Et je n’ai pas été déçue,
Car au delà d’un changement de corde, il m’appris, de la guitare, le vocabulaire propre

En profita pour entreprendre un entretien complet.
Et voici la guitare de mon mari bien restaurée.
Mon fils, prépare-toi à chanter tes comptines préférées
Au son d’une guitare accordée.

Les « crocrodiles » et les « ptits potes« 
Des jours durant, pourront vibrer
Sur une guitare toute bichonnée,
Nettoyée avec soin à la popote.

« La fabrique du silence »
De mon ami Simon
A coup sûr, aura votre préférence
Si vous partagez son amour pour les beaux sons.

N’empêche, ça doit être trop galère, d’allaiter!

Lors de ma réinscription à l’Académie de musique de Braine-le-Comte j’ai croisé Clara, une de mes camarades de classe de solfège, âgée d’environ 18 ans. Elle était ravie d’apprendre que mon deuxième petit garçon était né le jour de son anniversaire. De fil en aiguille, notre conversation dérive sur l’allaitement. Et, candide comme à son habitude, elle me demande : « N’empêche ça doit faire trop mal, l’allaitement. Il paraît que certaines ont des crevasses et tout, et que les seins gonflés ça fait trop mal. Ça ne fait pas mal? En vrai, ça doit être trop galère, nan? »

Pour Clara, et toutes les autres jeunes filles, jeunes femmes et futures mères qui pourrait me lire, je vais tenter ici de donner un aperçu de mon expérience de l’allaitement.

Imagine qu’on est au milieu de la nuit (Mettons, trois heures du matin). Tu es tranquillou dans ton lit, bien emmitouflée dans des gros draps de lit moelleux et douillets. C’est alors qu’une sensation désagréable te tire lentement du sommeil. Tu passes une main sous le t-shirt de ton pijama pour constater que tu as les seins trempés. Tu perçois alors soudain, en provenance d’une pièce voisine, les pleurs de ton bébé.

Et tu te lèves aussitôt pour le rejoindre. Pas tellement parce que ton instinct maternel t’invite à le nourrir, mais parce que tu n’as aucune envie de dormir dans des draps détrempés et que tant qu’à faire, autant donner tout ce bon lolo au poupon qui n’attend que ça. D’autant que ta poitrine est lourde et dure comme le pectoral d’un bodybuilder.

Avec tout juste le minimum de lucidité nécessaire, tu parviens à t’extirper de ton lit malgré la fraîcheur du sol sous tes pieds nus et à prendre tendrement dans tes bras cette petite merveille, chair de ta chair, sang de ton sang, prunelle de tes yeux, qui t’empêche depuis déjà presque deux mois de dormir convenablement. (Sans blague, réveiller quelqu’un toutes les deux heures, pendant deux mois, c’est à peu près ce qu’on trouve de moins cher parmi les techniques de torture les plus courantes). Tu t’installes alors à l’endroit le plus pratique et confortable de la pièce et tu déballes la marchandise. Bébé tête, et tu le regardes, attendrie. Il est beau comme un ange. Tu ne peux t’empêcher de t’imaginer vedette d’un film. Comme tu as encore un peu la tête dans le gaz, tu idéalises ce moment, tu le rêves en même temps que tu le vis et tu vois la scène comme de l’extérieur. Dans le même temps, tu sens que ça travaille dans ton ventre. Ce sont tes organes qui reprennent leur place habituelle. Du côté de tes intestins aussi, tu sens que ça travaille, mais tu ne veux pas gâcher ce beau tableau, alors tu essaies de te retenir. Il est si beau.

Soudain, le voilà qui se tortille. Il ne tête plus vraiment. Semble mal à l’aise. Que se passe-t-il mon bébé ? Tu t’inquiètes. Puis c’est la déflagration. Ton adorable rejeton vient de se délester. À travers sa turbulette, son pijama et son body, tu peux deviner la cacastrophe. Ton film prends des allures burlesques. Plus rien ne te retient désormais.

Toujours engourdie, et lestée d’un charmant petit être tout cracra, tu affrontes une fois de plus la fraîcheur du sol pour rejoindre cette fois la salle de bain. Aussitôt agressés par une lumière vive, vous faites tous deux la grimace. Et le voilà qui recommence à geindre. Ton cerveau ne trouve rien de mieux à faire que de relancer le processus de lactation. Et tu peux voir des gouttes de lait s’écraser malgré toi sur le sol de la salle de bain, sur la planche à langer ainsi que sur le bord du lavabo, où tu prépares le gant de toilette qui nettoiera bientôt son petit pépette. On fera le ménage plus tard. Chaque chose en son temps. Le froid te fait tousser. Comme tu es debout depuis quelques minutes, ton corps te rappelle qu’il faudrait quand même le prendre, ce rendez-vous chez la kiné. Une fois de plus, tu vas pouvoir changer de pijama au milieu de la nuit. Dans le noir bien sûr. Pour éviter de réveiller le papa, qui de son côté, pour une raison que tu ne peux expliquer, n’est – jamais – réveillé par les pleurs de votre enfant, ou alors bien après toi. Tu le sais, car il t’est arrivé quelques fois de faire semblant de dormir, et de laisser pleurer le petit jusqu’à ce que son papa se réveille. C’est vrai quoi, zut à la fin, c’est toujours bibi qui se lève au milieu de la nuit. C’est injuste. On l’a fait à deux ce bébé oui ou zut? Tu n’as pas souvent tenté l’expérience cela dit. Déjà parce que malgré la fatigue et l’immense lassitude qui s’est emparée de toi, tu culpabilises tout de même de laisser pleurer ce petit être sans défenses alors que tu pourrais l’aider. Ensuite, parce que le papa met des plombes à se réveiller, et autant de temps à préparer un bibi, et que pendant ce temps, tes seins gonflent et débordent. Tu vas quand même devoir te lever pour les vider quelque part. Alors autant laisser dormir ton mari la nuit. Il prendra le relais en journée. Du moins pendant son congé de paternité. Parce qu’après, même s’il peut télétravailler, il ne faudra plus compter sur lui. Tu seras même priée de faire pleurer ce bébé loin de son bureau, car il aura des réunions importantes, et que les revenus financiers de votre couple en dépenderont.

À toi de voir Clara, si tout ces petits désagréments mis bout à bout forment un tout « trop galère » ou si « en vrai, ça va encore ».

Personnellement, je n’ai pas encore eu de crevasses. Le service maternité m’a expliqué comment positionner mon bébé sur le sein de façon à limiter les désagréments directs : bien à l’horizontale, avec toutes les parties du corps dans le même axe, avec la bouche du bébé largement ouverte sur le mamelon, et en étalant mon propre lait sur mes tétons à la fin de la tétée. Allaiter ne me fait pas mal, même si bébé pince parfois un peu le téton, ce n’est rien de bien méchant. J’allaite parce que l’OMS dit que c’est bon pour mon bébé. J’allaite parce que j’en suis capable. Parce que ma santé le permet. Si, comme pour mon premier, ça me plongeait dans un état de fatigue propice à la déprime, je passerais au lait en poudre, et mettrais le papa à contribution ! J’allaite parce que j’aime offrir à mes enfants des produits naturels, locaux, et bon marché.

Assise au milieu du silence de la nuit, éclairée par une lampe de chevet, réchauffée par le petit corps de mon bébé qui s’est endormi bienheureux au sein, je lis et me cultive. À bien y réfléchir, pour qui sait voir le bonheur dans les plaisirs simples, ce n’est pas vraiment désagréable.